La genèse, le scarabée sacré et le scarabée du cœur Kheper
Le scarabée opère une transformation, dans le langage des hiéroglyphes,
il est le symbole des mutations et du devenir.
La renaissance journalière du Soleil est prise comme symbole du mystère de la création ou genèse.
Le symbole "scarabée" et son nom (Khéper ou Khépri) définissent Ie sens égyptien de la "genèse", celui qui lui est donné naturellement en égyptologie. L'origine grecque du mot "genèse" lui donne Ie sens de devenir, de production. Le Dictionnaire philosophique de Lalande Ie définit en termes très clairs :
"La genèse d'un objet d'étude (par exemple d'un être, d'une fonction, d'une institution) est la façon dont il est devenu ce qu'il est au moment considéré, c'est-à-dire la suite des formes successives qu'il a présentées, considérées dans leur rapport avec les circonstances où s'est produit ce développement."
La genèse d'une chose suppose donc des états successifs, des transformations. Devenir, production transitoire, transformations : on ne peut pas mieux traduire les significations connues du symbole "scarabée", et des mots qu'il détermine :
kheper : être, exister, devenir, prendre forme ;
kheprer : le Créateur du Monde, qui se produit lui-même ;
khepera : Ie scarabée sacré. Le Neter qui produit les formes de son existence.
kheprou : formes, transformations, etc.
L'idée de "genèse", telle qu'elle est décrite ci-dessus, est la fondation même de l'enseignement égyptien. Elle affirme le principe du Créateur producteur de lui-même, puis de toutes les formes dont il est la cause. Elle enseigne l'idée des états d'être successifs, et des transformations qui sont un des thèmes essentiels des textes funéraires.
La légende du scarabée qui fait rouler sa boule réunit les éléments d'un quadruple symbolisme :
1) La coïncidence des principes lunaire-solaire : Ie scarabée aux deux élytres déployées est une figuration égyptienne du soleil en son double mouvement, ascendant et descendant. Enfouissant sa boule dans la terre pour y faire gester sa semence, il figure Ie couchant de Râ qui "descend dans sa montagne" ; il figure son lever lorsqu'il extrait sa boule des ténèbres pour l'amener dans "l'eau de renaissance".
D'autre part, Ie scarabée est symbole des fonctions lunaires par les 28 jours pendant lesquels il enterre sa boule.
2) La fécondation sans femelle, et la gestation dans les ténèbres, c'est-à-dire dans la boule de fumier jetée ensuite dans l'eau pour son éclosion. Ce scarabée, mâle sans femelle, crée Ie milieu femelle par la bouse qui devient gestante et nourrissante. Ce rôle lui donne Ie caractère de mâle jouant, par un artifice, Ie rôle d'androgyne.
3) Le scarabée symbolise Ie principe de l'être qui réalise par lui-même les éléments de son devenir et de sa transformation. C'est pour cette raison que les Égyptiens Ie posaient, sur les momies, à la place du cœur.
Kheper Khéper est souvent présent dans les vignettes du Livre des morts appelé aussi: "Livre pour sortir au jour".
Il est représenté sous l'aspect d'un homme à tête de scarabée tenant dans la main droite le sceptre "Ouas" et dans la gauche "Ankh", la croix ansée de la vie. Le scarabée s'y voit confier la lourde tâche de guider Rê, le Soleil, dans son voyage nocturne à travers le monde souterrain. Les Égyptiens, après avoir observé les habitudes des coléoptères, pensaient que la boulette que le scarabée poussait devant lui contenait, outre les excréments, sa semence d'androgyne.
On comprend alors qu'ils firent du scarabée le symbole du pouvoir régénérateur du soleil. Partout sur les murs des tombes, que ce soit à Thèbes Ouest ou dans la nécropole de Memphis, les artistes représentèrent Khéper poussant devant lui l'astre solaire jusqu'à ce qu'il émerge à l'horizon d'un jour nouveau. Ce parcours nocturne était assimilé à une navigation, aussi trouve-t-on Khéper à bord de la barque de Rê.
Le scarabée symbolisa même le Dieu solaire à son lever tandis qu'Atoum marquait l'état de l'astre déclinant derrière les montages de l'Occident.
Le Scarabée sacré est également un signe hiéroglyphique qui se rapporte à la transformation et au devenir ; les scribes chargés de la duplication des nombreux rouleaux qui accompagnaient les défunts bienheureux dans leur seconde vie devaient en dessiner souvent.
Par exemple, le titre du chapitre 76 du Livre des morts n'en contient pas moins de trois sur une seule ligne : «Parole pour se transformer en toutes apparences dans lesquelles on aimerait à se changer.»
Le Scarabée de CœurDe nombreux scarabées de pierre nous sont parvenus sous Ie qualificatif de "Scarabée de Cœur". Ils étaient placés par les prêtres d'Anubis chargés de la momification, près du cœur du défunt. Seul organe à être replacé dans la momie, puisque le cœur était Ie siège de l'âme et des sentiments.
Un texte gravé sous le ventre de ces scarabées, reprenait le chapitre XXX du Livre des morts : «Formule pour que le cœur du défunt ne s'oppose pas à lui dans la nécropole. II dit : « Ô mon cœur de ma mère, ô mon cœur de mes transformations, ne témoigne pas contre moi, ne t'oppose pas à moi devant Ie tribunal, ne te rebelle pas contre moi en présence du gardien de la balance... »
Les anciens égyptiens n'avaient qu'un but dans la vie : partir le cœur léger, et pour cela il fallait un esprit sain et une âme pure. Au moment de la pesée du cœur sur le plateaux de la balance de Thot, la vie du défunt, symbolisée par son cœur, devait être en parfait équilibre avec le principe de la justice, la plume de Maât. La conscience spirituelle est donc appelée "cœur".
Dans le fond, cela se perpétue jusqu'à nous dans de nombreuses expressions : cela va droit au cœur, au fond de mon cœur, à votre bon cœur, avoir le cœur gros, l'entente cordiale, de tout cœur avec vous... "Le cœur a ses raisons que la raison ignore" a écrit Blaise Pascal.
Khéper était parfois associé également à Harmakhis, autre Dieu solaire...
source:http://egyptolog.chez.com/kepri.html